Je ne sais pas comment tout a commencé,
au cœur des Bauges comme partout ailleurs. Tenez, vers Orgeval,
juste au-dessus du chalet d'alpage, dans cette prairie située un peu avant
d'arriver au col, entre l'Arcalod et la pointe de Chaurionde. Du soleil, un peu de vent, une ondée à
l’aube emplissant quelque nant fourchu, une ondée et puis une autre --> érodant le calcaire de l’Arcalod … une graine,
une graine de gentiane, la
reine de la contrée
<--soufflée par deux fleurs, l’une jaune, l’autre pourpre, cette minuscule graine, voici
qu’elle s’enracine au chaud de la terre, puis attirée par la clarté du ciel, ou
celle de la lune, ou des étoiles, à moins que ce ne soit par la chaleur des
rayons du soleil, par la compagnie de fleurs amies dans la prairie, le
frôlement doux d’une envolée d’Apollon, le bavardage des hirondelles…. elle se
hisse et se risque au dehors ; miracle : éclosion ! puis
corolles et calices--> l’abeille mutine butine emportant son butin, transport aérien de ce nectar, volé et envolé
en rebonds d’ailes vers la ruche, nectar
mâché, mastiqué pour un miel caramel--> et puis sous les pétales, une
feuille fragile, encore jeunette, encore
toute tendre, délice d’un escargot que
d’intraitables mandibules dentèleront avec tact--> un escargot ou une
limace, car il ne sera pas simple de croquer une coquille craquante d’escargot
mais ne nous égarons pas, ne perdons pas le fil… où en étions-nous ? ah oui, à
l’escargot… l’escargot ou la limace-> les voici soudainement gobés par une mésange bleue --> elle-même
attendue en soirée par une chouette qu’un renard sorti de son terrier, de son
« bog », un vrai bouge en Bauges, mais ne nous égarons pas, revenons à nos
mouflons -> ce goupil, sorti humer l’air aura donc soin de goûter la chevêchette avant
de l’être lui-même --> par le loup, --> les déjections du loup -->
tué par un berger mécontent, berger attifé d’un gilet <--en peau de brebis,
et de son opÎnel, ne nous égarons pas, contribueront à faire germer sur l’humus
de la forêt --> un cône --> qui engendra un épicéa, semblable à cet
épicéa centenaire, celui de la pointe de la forêt de Chaurionde, au-dessus de
la maison forestière de Coutarse, cet arbre -> qui pourra donner envie à un
conteur de raconter des histoires, installé à son pied sur un lit de feuilles ou d’aiguilles sèches, tout
comme un frère sorcier chante plus loin, sous la fraicheur d’un baobab… --> ce
conteur, un professeur intéressé par l’oralité viendra l’écouter puis
transcrira le conte sur un papier <--
issu des chutes d’un arbre déchu qui manquera à
la canopée mais permettra--> le tavaillon --> le canapé, mais
surtout --> permettra au texte de s’inscrire,
texte texture, tissu de mensonges ou brin de réalité, fil d’une histoire au fil
de l’eau, au fil d’un nant, de fil en aiguille, une histoire dont cependant on
ne connaît pas exactement le mot de la fin, ni si le sort en est jeté, ou
pas ; le dénouement, cousu de fil vert,
ou noir, ou blanc ?
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