Variations façon Queneau


Texte à varier stylistiquement (à la manière de Queneau)
Un homme d'affaire pressé rencontre une petite vieille  en robe de chambre à fleurs bleues sur le quai d'une gare perdue en pleine campagne. Elle parle à un lampadaire cassé. Il lui demande si tout va bien.
Elle ne semble pas l'entendre ni lui porter attention. Il la secoue un peu et les lunettes de la grand-mère tombent. Elle cligne des yeux un peu sonnée, se tourne vers l'homme d'affaire et lui dit : vous avez l'air d' avoir froid. Voulez-vous ma robe de chambre ?


Didascalies

Pièce en un acte
PERSONNAGES :
LA VIEILLE
LE BUISNESSMAN 

Acte I
Scène 1

Un quai de gare dans une ville isolée, un lampadaire penché.
Entre une femme âgée, dos voûté, robe de chambre à fleurs bleues.

LA VIEILLE (au lampadaire)
(d'une voix mutine)
(elle arrose les fleurs de sa robe de chambre).


Scène 2

(entre le businessman, à grands pas)
LE BUISNESSMAN : (d'une voix qui se veut réconfortante)
LA VIEILLE : (au lampadaire)
LE BUISNESSMAN (agacé)
LA VIEILLE : (toujours au lampadaire)
LE BUISNESSMAN (de plus en plus agacé)
LA VIEILLE : (au lampadaire, encore)
LE BUISNESSMAN (attrape la vieille, la soulève et la secoue comme un prunier, les lunettes de la vieille tombent)
LA VIEILLE (se tourne vers l'homme et cligne des yeux, sonnée.)
LE BUISNESSMAN : (gêné, il ramasse les lunettes et les revisse sur le nez de la vieille)
LA VIEILLE (fixe attentivement le Businessman)
(elle ôte lentement sa robe de chambre, épaule après épaule)
LE BUISNESSMAN : (prend peur)
LA VIEILLE (à moitié nue)
(s'approche du Businessman)
LE BUISNESSMAN : (affolé, sort, en courant).

Scène 3
(Le lampadaire clignote et penche un peu plus vers la vieille, réjouie.)


Fin



Sonnet

Une petite gare, dans un trou bien paumé
Accueillait sur son quai un monde hétéroclite :
Un lampadaire usé, une vieille arthritique ;
Il poussait sur sa robe un bouquet d'ipomées.

Elle conversait seule avec son candélabre:
« Ô toi lumière, halo, qui éclaires nos nuits
Obélisque dressé fièrement et qui luit
Ô Samouraï blessé par la lame du sabre ! »

Tandis qu'elle chantait au bec de gaz, sa flamme,
Arrive un businessman ; il s'enquiert de la dame,
De son état mental. Elle ignore le quidam

Qui vexé, la secoue, ses lorgnons faisant choir
La folle alors se trouble et tremble et puis s'exclame :
Vous êtes tout transi : acceptez ce  peignoir !



Haïku

Sous lustre brisé
Et fiole fêlée s'infiltrent
de douces lumières


Médiéval :

« Messires, voulez-vous ouïr un conte affriolant ? Il nous chante la vie, et l’amour et la joie.

C'était au temps où Froidure pâlit ;  Dame Nature reverdit et Avril se pare de guipures, de broderies.

Il y a bien longtemps, sur les terres du Seigneur Guilhem, vivait dame Nicolette, jouvencelle fort convoitée car elle était jolie. Elle aidait ses parents, de braves gens honnêtes et droits, à tenir l'hostellerie du village. L'enseigne s'élevait sur le fronton d’une façade fraîchement badigeonnée de chaux. Une simple lanterne en éclairait l'entrée.
La dame était coquette et soignait sa toilette. Sur son bliaud, un surcot de fleurs bleues à larges plis masquait à peine les formes appétissantes d’un corps tout en finesse. Sa silhouette dégageait une joliesse d'autant plus agréable à contempler que la dame était courtoise et remplie d'allégresse. Tous les galants rêvaient d’épousailles avec Dame Nicolette qui souriait à chacun car elle y voyait peu ; la nature ne l’ayant point dotée d’une très bonne vue. Son monde  était donc flou…  Cependant,  l’auberge était-elle souvent comble. On pouvait même y apercevoir, le dimanche, le clerc et le curé. Sitôt après l’office, ils y venaient remplir et leurs  yeux et leurs panses.
Un jour,  un noble chevalier se présenta à la porte de l’auberge. Un gentilhomme assurément. De son pourpoint dépassait une bourse remplie d’écus. Il était chaussé de brodequins de zibeline et avait jeté nonchalamment sur son épaule, un mantel vermeil. Il frappa. A l’instant même où l’huis s’ouvrait, la foudre, suivie d’un violent coup de tonnerre, fit trembler la façade et choir  la lanterne. Dame Nicolette la reçut sur le chef et chancela sur le champ. En un éclair, le chevalier la rattrapait. La voici dans ses bras, son beau visage enfoui dans la houppelande pourpre.
-      Ma Dame, ma Dame ? s’enquit le beau Sire, bien peu  accoutumé à hospitalité si vive ! Puis-je…
Mais Dame Nicolette ne bougeait plus, fixant la chandelle d'un air éperdu. Soudain, elle se mit à chantonner : « Au clair de la lune, mon ami Pierrot… » 
Le chevalier prit peur ; tout comme la flamme, la femme vacillait. « Tomberait-elle en pâmoison ? » Il la secoua vivement.
Elle reprit ses esprits, se campa sur ses pieds :
-          Entrez Sire, je vous prie.

Peu après,  tandis qu’elle lui servait soupe, galette et vin, elle aperçut à  la lueur du foyer le beau sire. Derechef elle se pâma. Et sa cruche se brisa. Derechef le noble chevalier se leva. Il la souleva délicatement et l’emporta jusqu’à sa couche.
On ne le revit plus dans la salle commune. Et nul ne s’en soucia.
La suite, Messires, la bienséance m'interdit de  vous la narrer.
Simplement,
au milieu de la nuit,
lorsque le chevalier, nu,
s'éveilla,
la dame pour le vêtir,
son surcot lui prêta. »
Espionnage :

-          Dragon rouge répondez ! Dragon Rouge répondez !
-          Commandant, on survole la gare déserte, c’est peut-être le moment ?
-          2 minutes, Bob. Dragon rouge répondez !
-          L’ennemi se dirige droit vers la gare, commandant. Votre Dragon rouge nous a laissé tomber.
-          Dragon rouge répondez, Dragon rouge répondez ! Bon sang.
-          Commandant…
-          Dragon rouge ne laisse jamais tomber, Bob, A moins qu’il soit mort.
-          Commandant, un MIG se rapproche ! On est bientôt cuit.
-          …. Allez-y,tirez.
      Pan pan pan. Pan pan pan. Pan. Pan pan pan.

-          C’est moi, Dragon rouge. Je suis devant le signal oblique avec ma valise. Où est le contact ?
-          Qu’est-ce que vous foutiez ? Ca fait une heure qu’on essaie de vous joindre.
-          Quelques soucis Commandant : de petits désagréments imprévus qu’il a fallu régler. J’ai tâché mon smoking et légèrement endommagé le véhicule de société.
-           Vous êtes incorrigible Dragon rouge.  On déduira ça de vos émoluments. Le contact va arriver. Vous lui donnerez les documents.
-          Et comment je l’identifie ?
-          Sexe féminin. Robe de chambre à fleurs bleues. Livraison express imminente.
-          Vous vous foutez de ma gueule ?
-          Les voies du seigneur sont impénétrables.
Allez-y Bob, larguez le paquet et que la fête commence.
-          OK commandant. 5-4-3-2-1- Ejection.

-          C’est quoi ce parachute Commandant ?
-          Votre contact, Dragon rouge.
La robe de chambre atterrit puis se dirige vers le signal, un lampadaire fatigué.
-          Salut, c’est toi qui dois livrer les infos ?

Dragon rouge s’approche d’elle. Il la trouve plutôt bien chantournée. Elle ne le regarde pas, ne lui répond pas mais poursuit, tournée vers l’érection blafarde.
-          Salut, c’est toi qui dois me livrer les infos ?
-           ??? …..
-          Commandant, il parle au lampadaire votre contact, c’est normal ?
-          Interceptez-le au plus vite Dragon Rouge. C’est une question de vie ou de mort.
-          OK commandant.
-          Ô Poupée, t’as fini de causer au lampadaire ? C’est moi Dragon Rouge ! Qu’est-ce que tu fous ?
La robe de chambre poursuit son monologue sans le voir et répète :
-          ….. Salut, c’est toi qui dois me livrer les infos ?
-          Commandant, il est rayé le disque de votre contact, c’est quoi ce bordel ?
Dragon rouge s’énerve, il secoue le contact qui en perd ses lunettes.
-          … putain commandant, votre contact, c’est une poupée gonflable ! Mais… qu’est-ce qu’elle fait ? Elle se dessape et me colle sa robe de chambre sur le dos ?
-          Bravo Dragon Rouge !  Son fessier est zippé. Dégagez la silicone, introduisez  les documents et renvoyez-la en l’air. Et qu’ ça saute !

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